Pendant ce temps, Khouloud a réussi à s’introduire dans l’immeuble. Elle nous fait signe de la suivre. Alors qu’il allait sortir de la résidence, un habitant lui a ouvert la porte pensant qu’elle avait oublié le code d’accès.
C’est ici que vit la femme au papier.

L’un des cadres, discret, petit et voyeur, était semblable à l’œil de judas ou bien à l’objectif du photographe de presse dans Fenêtre sur cour d’Alfred Hitchcock.

Nous étions l’œil voyeur, l’œil intrusif ; malgré les apparences, nous étions aussi l’œil bienveillant.

Il n’est pas du quartier, mais il vient souvent s’y promener. Pour lui, tout se ressemble ici. Il n’y voit aucun détail, aucune singularité. Alors, pourquoi vient-il s’y promener aussi régulièrement ? Il aime les arbres. Ici, au moins, il y a de la nature. Car c’est pas humain de vivre dans le ciment. Du ciment partout.
C’est un espace étonnamment calme et reposant. On entend le bruit du vent dans les arbres.
La pluie de ce matin rend le sol humide.
Une multitude de détails amusants viennent à nous. Les bouches d’aération forment des visages sur les façades. Les digicodes changent de couleurs. La vitre arrière d’une camionnette postale est rafistolée…


Photographier des petites choses du quotidien que le cadre a glorifiées et rendues insolites : un chewing-gum écrasé à terre, un bout de papier qui venait d’être jeté par la fenêtre d’une habitante de la cité, une étrange pancarte au milieu de la cour d’un ensemble d’immeubles où « jeux interdits » était écrit, l’eau de pluie sur le sol, les barreaux des fenêtres…


Comme une déchirure, une fracture en diagonale tout le long du cadre en carton.

Cadrage de l’inattendu
Charles Hermite par ses angles a été le protocole que nous avons choisi : avoir entre nos mains ces outils et ces objectifs nous ont fait prendre confiance en ce paysage qui nous était inconnu et nous semblait hostile.